Présentatrice : Vous écoutez le balado Le point sur les marchés de la Banque Scotia. La série de balados Le point sur les marchés fait partie de la série Capital de connaissances. Elle vise à vous présenter les perspectives des leaders et experts des Services bancaires et marchés mondiaux de la Banque Scotia.
Nick Pocrnic: Bienvenue au balado Le point sur les marchés. Je suis Nick Pocrnic, spécialiste, Ventes, Industrie minière à la Banque Scotia. Cet épisode est enregistré le 21 octobre 2024. Aujourd’hui, nous parlerons de la dynamique entre le marché des produits de base et l’élection présidentielle américaine à venir. À l’approche du scrutin, nous analyserons l’incidence des différents scénarios possibles sur les principaux produits de base comme l’or, l’argent, le cuivre et l’uranium. Nous aborderons aussi les grands enjeux du virage écologique et le rôle de l’énergie dans le contexte de la demande croissante du secteur de l’intelligence artificielle (IA).
Trois experts se joignent à moi aujourd’hui en studio pour m’aider à décortiquer cette dynamique. Hugo Ste-Marie, premier directeur de la Stratégie de portefeuille et quantitative. Hugo, bonjour.
Hugo Ste-Marie: Bonjour, Nick. Merci de l’invitation.
NP: Tout le plaisir est pour moi. Ovais Habib, directeur général, Recherche – Métaux précieux. Ovais, bonjour.
Ovais Habib: Merci, Nick. Je suis ravi d’être ici.
NP: Finalement, Orest Wowkodaw, directeur général, Métaux de base, Recherche. Ravi de vous rencontrer.
Orest Wowkodaw: Merci, Nick. J’ai hâte de discuter avec vous.
NP: Messieurs, je vous souhaite une fois de plus la bienvenue. Merci d’avoir accepté notre invitation. Je sais que notre auditoire a hâte d’entendre vos points de vue.
Commençons par vous, Hugo. Pouvez-vous nous résumer brièvement l’incidence historique des élections sur le marché des produits de base et nous expliquer comment vous entrevoyez celle de la présente élection?
HSM: Bien sûr. Merci, Nick. Je dirais que les élections ne se font habituellement pas sentir immédiatement sur le marché des produits de base, mais plutôt à long terme. C’est logique, n’est-ce pas? Le président exerce son influence sur les politiques industrielles et environnementales clés mises de l’avant et cela se répercute ensuite sur la demande pour les produits de base au fil du temps.
Je ne m’attends pas à ce que cela change. L’élection aura donc une incidence à long terme sur les prix des produits de base. En revanche, ce qui pourrait changer, c’est l’effet qu’aura une présidence républicaine ou démocrate sur ces prix.
Depuis le début des années 1970, le cuivre a généralement enregistré ses rendements les plus élevés dans les 12 mois suivant l’élection d’un gouvernement républicain. En comparaison, l’argent a tendance à sortir grand gagnant de l’élection d’un gouvernement démocrate, suivi par l’or, contrairement au cuivre qui connaît généralement une baisse.
Par contre, la situation me semble différente cette fois-ci et le prix des métaux pourrait ne pas évoluer tout à fait comme par le passé. En fait, si Mme Harris est élue, je crois qu’il faut s’attendre à une présidence plus écologique que si M. Trump est élu.
Elle maintiendra probablement l’Inflation Reduction Act, ce qui laisserait entendre une continuité des dépenses en faveur de l’écologisation. Mme Harris continuera probablement d’exercer des pressions pour réduire les émissions de CO2 générées par les bâtiments et les industries lourdes, comme les transports. En gros, un maintien des dépenses en faveur de l’écologisation avantagerait le cuivre et l’argent et probablement même tous les produits de base liés à l’énergie renouvelable.
Au contraire, j’ai l’impression que l’élection d’un gouvernement Trump 2.0 serait probablement un frein à la transition énergétique. Comme vous le savez, il a beaucoup insisté sur l’annulation de certaines mesures fédérales pour soutenir l’action climatique qui ont, selon lui, créé de fortes pressions inflationnistes et augmenté le coût de l’énergie.
Il a aussi beaucoup parlé de la possibilité de mettre fin aux subventions accordées pour l’achat de véhicules électriques (VE). Un tel ralentissement du virage écologique et de l’adoption des VE pourrait certainement mener à une baisse de la demande pour le cuivre et l’argent au fil du temps. À mon avis, une victoire de M. Trump serait plus susceptible d’avantager l’or en raison de l’incertitude élevée qui planerait dans les années suivant l’élection.
Pour le moment, si nous analysons le déroulement de la campagne, la course s’annonce beaucoup trop serrée pour nous prononcer sur une issue. Les candidats sont au coude à coude dans la plupart des sondages. En ce qui concerne les prix, il est important de ne pas oublier qu’ils pourraient fluctuer différemment que par le passé à la suite de cette élection.
NP: Selon vous, comment s’en tirerait le secteur pétrolier et gazier sous une présidence de M. Trump ou de Mme Harris?
HSM: Même si M. Trump compte, ou a du moins mentionné qu’il souhaitait, faire baisser les prix de l’énergie, je pense que les mesures qu’il pourrait prendre aux États-Unis pour stimuler la production pourraient être totalement éclipsées par le contexte géopolitique, surtout par la guerre qui perdure au Moyen-Orient. Nous ne savons pas comment elle évoluera. Cependant, si l’Iran entre dans le conflit, les prix risquent certainement d’augmenter et M. Trump pourrait prendre des mesures agressives à l’égard des exportations de pétrole de l’Iran sur le marché mondial.
Or, les exportations de l’Iran augmentent à un rythme régulier et rapide depuis environ un an et demi. Il est plus difficile de les abaisser depuis l’assouplissement des sanctions imposées au programme nucléaire de l’Iran. Cette réalité pourrait donc éclipser l’augmentation de la production au pays et tout de même mener à une augmentation globale des prix.
Bien que Mme Harris ait essayé de se rapprocher du centre politique, si elle est élue, elle risque de se montrer plus sévère à l’égard des industries énergétiques, ce qui pourrait certainement accentuer les pressions.
NP: Orest, le cuivre est un métal très important dans votre secteur. Que pensez-vous des politiques avancées par les deux partis en lice et de l’évolution du prix du cuivre? J’aimerais connaître votre avis à ce sujet.
OW: Bien sûr. Merci, Nick. Permettez-moi de faire du pouce sur ce qu’Hugo a dit tout à l’heure concernant les tendances historiques avant et après les élections et l’incidence de celles-ci sur les différents produits de base. Si nous examinons toutes les élections tenues depuis 1972 aux États-Unis, le cuivre a toujours affiché un meilleur rendement après plutôt qu’avant une élection. En moyenne, le prix du cuivre augmente d’environ 10 % par an après une élection, alors qu’il n’augmente que de 4 % avant une élection. Les deux dernières élections ont été marquées par d’importantes variations du cuivre. Après la victoire de M. Trump en 2016, le prix du cuivre a augmenté de 37 % en un an.
De la même manière, après la victoire de M. Biden en 2020, le cuivre a augmenté de 41 %, mais cette hausse pouvait évidemment s’expliquer en grande partie par la relance après la pandémie. Si nous analysons les choses uniquement en nous basant sur les données historiques et relatives aux partis, je pense que nous risquons d’être surpris par l’évolution des prix des produits de base cette année.
Par le passé, le prix du cuivre a davantage augmenté à la suite de victoires républicaines que de victoires démocrates. En moyenne, il a augmenté d’environ 11,8 % par an dans l’année suivant une victoire républicaine, contre 8 % dans l’année suivant une victoire démocrate. Par contre, j’ai l’impression que cette élection pourrait être très différente, simplement en raison des politiques défendues par les deux candidats.
Par exemple, si je songe à M. Trump et à son programme, il semble très déterminé à augmenter les taxes à l’importation, notamment en provenance de Chine. Selon nous, cette mesure est inflationniste et pourrait nuire à la croissance économique nationale. De son côté, le parti démocrate, comme le fait l’administration actuelle, semble miser davantage sur le réinvestissement dans les infrastructures nationales et la transition énergétique, deux facteurs favorables à la demande pour le cuivre.
Pour cette raison, j’ai vraiment le pressentiment qu’une victoire des démocrates à cette élection pourrait être plus favorable pour le cuivre, du moins à court terme. Nous sommes très optimistes quant aux perspectives du marché du cuivre. Nous envisageons un déséquilibre structurel découlant de la stagnation de l’offre sur le marché du cuivre.
À mes yeux, peu importe le parti au pouvoir, nous devrions observer une augmentation du prix du cuivre dans les deux, trois ou quatre ans à venir, puisque la demande viendra à dépasser l’offre. Nous nous attendons tout de même à ce que l’issue de l’élection se fasse un peu sentir à court terme.
NP: Passons maintenant à l’électrification. Nous en avons beaucoup parlé avec les investisseurs cette semaine avant les conférences téléphoniques sur les bénéfices du troisième trimestre. L’IA est aussi un sujet qui a retenu l’attention à plusieurs moments dans l’année. La première fois, c’était au printemps, si vous vous souvenez bien. Le cuivre et les actions connexes avaient alors grimpé en flèche. Il semblerait que cette évolution technologique fasse des remous jusque dans le secteur de l’uranium depuis peu. Orest, pourriez-vous nous parler brièvement du marché de l’uranium et de ce que vous entrevoyez de manière générale?
OW: Oui, quel revirement intéressant! Évidemment, le marché de l’uranium a traversé une période très sombre de dix ans après la catastrophe de Fukushima.
Tout à coup, après la pandémie, la technologie nucléaire est passée de paria à source d’espoir pour la transition écologique. En plus de cette nouvelle perspective, les événements géopolitiques des dernières années ont amené les pays à réaliser la grande importance de l’indépendance énergétique. La provenance de l’énergie est importante, surtout si des pays fournisseurs commencent à devenir plus hostiles.
Nous avons donc assisté à un retour en force de l’énergie nucléaire dans les dernières années, et elle semble même atteindre de nouveaux sommets en 2024. Par exemple, j’ai récemment rencontré la direction de Cameco, qui a souligné que les perspectives mondiales du secteur nucléaire n’avaient jamais été aussi encourageantes depuis 40 ans.
Ces derniers temps, des tendances très intéressantes ont ramené l’enthousiasme du côté des marchés et des actions. Il n’y a pas si longtemps, nous comptions le nombre de fermetures hâtives de réacteurs aux États-Unis. Ce n’était qu’il y a cinq ans. Aujourd’hui, nous parlons de recommencer à exploiter des réacteurs à l’arrêt.
Je pense que les gens du milieu espèrent que de petits réacteurs modulaires seront mis en service d’ici la fin de la décennie. Les géants technologiques se demandent comment sera produite et d’où viendra toute l’énergie requise aux États-Unis et dans les autres marchés établis pour alimenter leurs centres de données très énergivores. L’énergie nucléaire sera l’une des grandes gagnantes de cette réalité.
Nous avons donc constaté que la frénésie qui règne sur le marché nucléaire se traduit maintenant par des investissements en bourse dans l’uranium, le principal produit dérivé de ce marché. La volatilité a aussi été au rendez-vous, mais je crois que le grand enthousiasme qui s’est installé sur le marché nucléaire a gagné celui de l’uranium, même si ces mouvements boursiers n’ont pas encore fait bouger le prix de l’uranium. L’avenir s’annonce donc assurément prometteur pour le nucléaire et, par extension, pour l’uranium.
NP: Vous avez parlé du besoin d’énergie et de sa provenance dans le contexte du virage écologique amorcé, comme avec le fond Freedom 2050 et le délaissement des combustibles fossiles. Il s’agit d’une dynamique, mais nous avons aussi parlé du besoin de plus d’énergie dicté par la montée de l’IA.
Ce n’est qu’un résumé de la toile de fond, mais pensez-vous que l’issue de l’élection présidentielle américaine à venir aura des répercussions importantes d’une manière ou d’une autre?
OW: Oui, bonne question. À mon avis, les positions ne sont pas aussi tranchées à propos de l’uranium qu’elles le sont pour le cuivre, par exemple.
Évidemment, une victoire des démocrates serait favorable à la quête de sources d’énergie verte, dont l’uranium et l’énergie nucléaire font bien sûr partie. Par ailleurs, le parti de M. Trump semble préférer l’énergie nucléaire à d’autres types d’énergie renouvelable. Dans les deux cas, l’avenir s’annonce à mes yeux plutôt prometteur pour l’énergie nucléaire et l’uranium, alors que pour le cuivre, je dirais que les perspectives à court terme sont plus ambivalentes.
NP: Orest, nous venons de parler de facteurs macroéconomiques et de leur incidence sur les produits de base. J’aimerais maintenant vous entendre sur les fusions et acquisitions dans votre milieu. Nous avons vu quelques opérations se concrétiser récemment. Pourriez-vous expliquer à notre auditoire quelles conditions doivent être réunies pour voir davantage de fusions et d’acquisitions en 2025 et après? Selon vous, à quelles opérations pouvons-nous nous attendre? Observerons-nous plus de regroupements chez les sociétés à faible capitalisation? Pensez-vous que de grandes sociétés minières dans le monde se lanceront dans le commerce du cuivre?
OW: Bien sûr. Bonnes questions. Merci, Nick. Je pense que nous allons observer beaucoup plus de regroupements dans le milieu des produits de base écologiques, comme le cuivre et possiblement l’uranium. Les pressions se font sentir en tête du marché.
Si vous réfléchissez aux plus grandes sociétés minières diversifiées du monde, vous constaterez que leur offre n’est pas aussi diversifiée qu’elle le paraît. Ces sociétés sont toutes fortement orientées vers des produits de base en vrac. Elles sont donc toutes soumises aux mêmes exigences de la part de leurs actionnaires, à savoir qu’elles doivent ajouter beaucoup plus de métaux écologiques à leur portefeuille. Le cuivre est le plus recherché étant donné ses perspectives prometteuses par rapport aux autres métaux essentiels, surtout à moyen et à long terme.
Des opérations d’envergure ont déjà été proposées cette année et je prévois que la tendance se poursuivra et se dessinera chez les sociétés à petite et à moyenne capitalisation. Au-delà de la transformation du portefeuille, la motivation principale derrière les fusions et les acquisitions est que la construction de mines est trop difficile. Cette réalité n’a pas changé.
L’augmentation de la production de cuivre l’an dernier, cette année et l’an prochain est en réalité le fruit d’une vague de projets entrepris plus tôt qui permettent aux sociétés d’enfin fonctionner à plein régime et produire davantage. Très peu de projets ont été approuvés depuis la pandémie, ce qui ne laisse pas présager d’augmentation marquée sous peu. Ce n’est pas qu’une question de prix, même s’il s’agit effectivement d’un facteur de l’équation.
Selon moi, le problème le plus important est le manque de projets prêts à être mis en œuvre. Beaucoup de ces grandes sociétés minières ont les moyens d’investir, mais n’ont simplement rien à construire. C’est pourquoi nous voyons plus de fusions et d’acquisitions. Je pense que cette tendance pour les sociétés à grande capitalisation se maintiendra et se dessinera ensuite pour les sociétés à moyenne capitalisation, puis pour les sociétés à faible capitalisation.
Nous avons déjà vu d’importants gisements à teneur élevée, permettant une exploitation de calibre mondial, faire l’objet de fusions et d’acquisitions. Je ne suis pas certain que les gisements à teneur moins élevée attirent nécessairement ce type d’offres à ce stade-ci du cycle. À mon sens, ils sont généralement plus recherchés en cas de flambée des prix.
J’estime que nous sommes plus proches du mi-cycle en ce moment, mais nous sommes définitivement en pleine course à l’acquisition de mines de cuivre. Il sera intéressant de voir l’incidence de cette situation sur le marché de l’uranium, puisque d’importants permis seront obtenus (ou pourraient l’être) pour de grands gisements à teneur élevée dans les 6 à 12 mois à venir. Nous verrons peut-être de grandes entreprises engloutir les petites et se diversifier dans l’uranium, puisqu’il s’inscrit aussi dans la transition énergétique.
En bref, d’après les valorisations des actions, je suis certain qu’il y a de la place pour plus de fusions et d’acquisitions, étant donné la difficulté de trouver et de construire des mines.
NP: Ovais, parlons des investissements sur le marché boursier dans l’or. Quelques fusions et acquisitions sont survenues dernièrement. Le marché reprend du poil de la bête. Pourriez-vous nous donner votre avis sur les valorisations dans le contexte des fusions et des acquisitions, et des regroupements chez les grandes sociétés minières ou chez les petites sociétés minières? À quoi devrions-nous nous attendre en 2025? Allons-nous voir plus de fusions et d’acquisitions?
OH: Excellentes questions, Nick. Je pense que oui. Je pense que nous verrons plus de fusions et d’acquisitions sur ce marché. Selon moi, nous verrons plus de mouvements parmi les sociétés de taille moyenne. J’ai l’impression que les sociétés de taille moyenne cherchent à acquérir de petites entreprises pour remplacer les réserves, faire leur entrée dans de nouveaux pays ou améliorer leur présence dans certains pays ou même diversifier leur portefeuille actuel.
Je m’attends donc à d’autres fusions et acquisitions dans notre milieu. Lorsque je parle des sociétés de taille moyenne, je fais référence à celle d’une capitalisation boursière inférieure à 10 milliards de dollars. Selon moi, elles chercheront surtout à investir dans des actifs ou des gisements au Canada pour diversifier leur portefeuille. Les États-Unis sont également un pays intéressant. J’ai aussi bon espoir qu’il y aura de plus en plus de transactions en Amérique latine.
Je dirais que les transactions seront moins nombreuses en Afrique de l’Ouest ou ailleurs en Afrique, où le risque géopolitique a grandement augmenté. En outre, ces pays cherchent à augmenter leur budget fiscal, c’est-à-dire l’impôt qu’ils prélèvent des sociétés publiques sur le plan économique. Je pense donc qu’il pourrait y en avoir moins en Afrique de l’Ouest ou ailleurs en Afrique, mais plus en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. À mon avis, les sociétés de taille moyenne seront très actives.
NP: Vous avez soulevé un point intéressant en ce qui concerne les endroits où nous pourrions observer des transactions pour différentes raisons. Qu’en est-il des valorisations dans ce contexte? Ces actifs se négocient à prix fort par rapport à l’ensemble du groupe, n’est-ce pas? Comment ce facteur entrera-t-il en jeu? Comment les entreprises ayant un coût du capital plus élevé vont-elles pouvoir réaliser de telles transactions?
OH: Pour ce qui est des valorisations actuelles, oui, il est clair que les actions des sociétés d’exploitation nord-américaines ou même des sociétés de production à actif unique se négocient ou ont commencé à se négocier à prix fort. Encore une fois, c’est simplement parce qu’elles sont établies dans un pays plus intéressant. Les sociétés cherchent à investir dans des actifs de qualité dans des pays propices à cela. Je pense que les entreprises de taille moyenne seront celles qui en paieront le gros prix.
Encore une fois, nous avons assisté à quelques transactions dans les deux derniers mois : B2Gold a acquis Sabina, Osisko a été acquise par Goldfields. Nous voyons donc clairement qu’il y a de la place et de l’intérêt pour ces sociétés de production et d’exploitation nord-américaines.
Je crois que les entreprises de taille moyenne vont se tourner vers ce genre de sociétés de production, ce qui va évidemment faire grimper les valorisations. Il pourrait également y avoir des guerres d’enchères, car le nombre de sociétés d’exploitation et de production est limité dans cette région. Nous pourrions donc voir des opérations atteindre des montants élevés.
NP: Le dernier regroupement de sociétés dans l’univers des métaux précieux s’est opéré sur le marché de l’argent. C’est intéressant. Qu’en pensez-vous? La société Gatos a été acquise, suivie de SilverCrest, il y a quelques semaines à peine. Croyez-vous que nous assisterons à d’autres regroupements sur le marché de l’argent?
OH: Je crois bien que oui, Nick.
J’estime qu’il faut garder à l’œil les entreprises acheteuses, comme First Majestic et Coeur qui a acquis SilverCrest. Selon moi, elles s’intéressent à des projets de qualité sur le marché de l’argent avant que le prix de cette matière ne commence à bouger. J’anticipe donc une certaine agitation sur ce marché. Il reste quelques noms sous le radar qui n’ont pas encore été acquis. Nous pourrions à mon sens assister à d’autres regroupements sur le marché de l’argent. En résumé, oui, je suis d’accord pour dire que nous pourrions assister à d’autres regroupements sur le marché de l’argent.
NP: Avant de conclure, j’aimerais avoir votre avis sur un dernier sujet. Comment devraient se positionner les investisseurs en fonction des scénarios possibles de cette élection? Quel est le plus grand conseil que vous aimeriez transmettre à notre auditoire? Hugo, voulez-vous commencer?
HSM: En prenant en compte uniquement l’élection présidentielle américaine et rien d’autre, si le gouvernement de Mme Harris entre au pouvoir, je privilégierais le cuivre et l’argent plutôt que l’or ou l’énergie. Si le gouvernement de M. Trump entre au pouvoir, je privilégierais l’or au cuivre et à l’argent. N’oubliez pas non plus de prendre en compte la possibilité d’une élection contestée dans les jours ou peut-être les deux semaines qui suivront le 5 novembre. Si cette éventualité se produit, je crois que l’or pourrait connaître une forte hausse avec l’augmentation de l’incertitude et de la volatilité sur le marché des actions.
Si nous prenons en compte l’élection, mais aussi tous les autres facteurs, comme les préoccupations macroéconomiques et géopolitiques à l’échelle internationale, je dirais que l’or est clairement l’actif (ou le produit de base) le plus susceptible de tirer son épingle du jeu dans plusieurs scénarios macropolitiques et géopolitiques par rapport à d’autres produits de base. Je choisirais ensuite l’énergie, puis le cuivre et les métaux de base.
Les facteurs économiques fondamentaux du cuivre à plus long terme sont toujours intéressants. Par contre, à court terme, il faudrait qu’un parfait scénario se concrétise pour que le prix des métaux grimpe en flèche. Il faudrait notamment voir des signes visibles d’un redressement économique durable en Chine, notamment une relance de son marché immobilier.
Ensuite, beaucoup de gens craignent la récente hausse du taux de chômage aux États-Unis. Finalement, si Kamala Harris est élue, son gouvernement favorisera les investissements dans le virage écologique. Si ces trois facteurs prennent une bonne tournure, le cuivre et les métaux de base seront clairement des choix plus avantageux.
NP: Hugo, vous venez de toucher à un point important. Vous l’avez gardé pour la fin n’est-ce pas? La possibilité d’une élection contestée est un très bon point à soulever. Nous serions plongés dans une grande incertitude. Et quel est le métal qui prospère le plus dans l’incertitude?
Orest, je ne veux pas vous laisser en reste ni vous voler la vedette au sujet du cuivre ou de l’uranium, avez-vous un dernier mot à nous dire?
OW: Nous sommes très optimistes quant aux perspectives du cuivre et de l’uranium à moyen terme. Je juge que ces deux marchés sont vraiment bien positionnés pour surpasser la plupart des autres produits de base sous notre mire.
Le seul facteur qui nous embête est l’élection à court terme. Je pense qu’elle fera beaucoup de vagues. En fin de compte, peu importe qui est élu, je crois que le sort des actions et de tous ces produits de base sera principalement déterminé par l’évolution de l’économie chinoise au jour le jour, qu’elle prenne le chemin de la relance ou du ralentissement.
C’est surtout vrai pour le cuivre, dont la moitié de la consommation mondiale provient de la Chine. Nous pourrions assister à un léger bond ou fléchissement du cuivre en fonction du résultat de l’élection américaine, mais, en fin de compte, toute fluctuation dans la demande chinoise aura, selon moi, une incidence beaucoup plus grande sur l’évolution des matières premières et, en fin de compte, des actions à court terme.
Les grands déséquilibres structurels sur le marché du cuivre ne se concrétiseront que dans deux ou trois ans. J’anticipe donc des vagues à court terme avant d’arriver à un marché structurellement plus tendu.
NP: Et vous, Ovais?
OH: Je pense que l’élection présidentielle américaine a une certaine influence, mais ce n’est pas le facteur le plus déterminant pour l’or. Je veux vraiment insister sur ce point. Le prix de l’or est régi par les politiques économiques actuelles. La Réserve fédérale américaine devrait encore réduire son taux directeur, le risque géopolitique mondial est supérieur à la moyenne et les achats des banques centrales sont importants. Tous ces facteurs ont une influence sur le prix de l’or, ainsi que sur la remontée du prix de l’argent. Nous sommes donc vraiment optimistes à l’approche de 2025 et pour la suite en ce qui concerne l’évolution du prix de l’or.
NP: Ovais, merci beaucoup.
Messieurs, je vous remercie d’avoir pris le temps de participer à cet épisode. Cher auditoire, sachez que notre équipe a publié un rapport sur l’incidence de l’élection présidentielle américaine. Si vous n’y avez pas accès sur le site de Bloomberg, n’hésitez pas à vous adresser à votre représentant de la Banque Scotia, qui vous l’enverra avec plaisir.
C’était Nick Pocrnic de Scotia. Messieurs, merci beaucoup.
HSM: Merci.
OH: Merci tout le monde. Ce fut une discussion très intéressante.
OW: Merci beaucoup de nous avoir écoutés aujourd’hui.
Présentatrice : Merci d’avoir écouté le balado Le point sur les marchés de la Banque Scotia. N’oubliez pas de suivre l’émission sur votre plateforme de balado préférée. Vous pouvez aussi consulter notre site Web (https://www.gbm.scotiabank.com/fr.html) pour d’autres émissions riches en réflexions.